Le 12 novembre dernier, Le Monde Cities, en partenariat avec France Urbaine, organisait dans ses locaux une conférence dédiée aux JOP 2024. Accompagné d’intervenants variés, Emmanuel Davidenkoff, rédacteur en chef au Monde, a animé de riches échanges sur les différentes manières d’appréhender l’héritage des futurs Jeux Olympiques.

Les Jeux Olympiques ou la voie de l’innovation

Ouverte par l’architecte Philippe Chiamberta (PCA-STREAM), la première séquence a permis de traiter les enjeux d’urbanisme et d’aménagement, un enjeu qui, chez Sennse, nous parle particulièrement. L’arrivée d’un évènement comme les JO peut représenter une occasion d’engager des expérimentations architecturales audacieuses et de changer durablement le visage d’un territoire. Les Jeux Olympiques peuvent en effet constituer un tremplin pour le développement urbain, comme en témoigne la ville de Barcelone qui a pu bénéficier d’aménagements conséquents en accueillant les JO en 1992. Des quartiers entiers, à l’instar du malfamé Barrio Chino, se sont ainsi profondément transformés.

Jon Henley, correspondant Europe du quotidien britannique The Guardian, confirme ce postulat en présentant le développement urbanistique dont a bénéficié Londres dans le cadre des JO de 2012, où des quartiers comme Here East ont pu voir le jour et insuffler du dynamisme sur le territoire. En lieu et place de friches désertes, ce sont des logements, des parcs, des équipements qui ont été créés.

Un futur désirable sur lequel les équipes de la SOLIDEO, l’établissement public chargé des infrastructures Olympiques et Paralympiques (constructions comme rénovations), travaillent d’arrachepied.

A l’intersection des enjeux de santé publique et d’aménagement

Les JOP représentant aussi une forte opportunité pour redonner une place à la pratique sportive dans les territoires, et de fédérer les publics autour de cette thématique très porteuse. Grâce au Plan d’héritage pour les Jeux Olympiques et Paralympiques, de nombreuses mesures ont ainsi été mises en place pour encourager la pratique sportive, notamment chez les plus jeunes.

Marie Barsacq, Directrice Exécutive Impact et Héritage chez Paris 2024, a par exemple présenté le programme « 1/2/3 nager » qui à l’été 2023, démarrait sa troisième édition. Co-financé par le Fonds de Dotation Paris 2024, l’Agence nationale du Sport, la Fédération Française de Natation, le Groupe EDF, le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis et la ville de Marseille, le programme a pour objectif d’agir pour la prévention des noyades et la sécurité aquatique des enfants, en transmettant les compétences fondamentales et le plaisir de nager aux enfants. Développé sur la période estivale, ce programme propose des activités ludiques à des enfants qui ne partent pas en vacances. 26 000 enfants ont été concernés jusqu’ici.

Toutes ces initiatives sont d’autant plus importantes que, comme l’a souligné la présidente de la Société française de santé publique Anne Vuillemin, la sédentarité en France est un problème croissant qui demande des réponses adaptées.

Encore une fois, des réponses peuvent être trouvées du côté de l’aménagement urbain. Marie Barsacq, évoquait ainsi le concept de villes « marchables » qui répondent à la fois aux enjeux d’aménagement et de santé publique. L’aménagement en design actif incite naturellement les habitants à intégrer une pratique sportive dans leur quotidien. Un dossier sur lequel l’ANCT et Paris 2024 se sont penchés et ont abouti à formaliser un guide du design actif à destination des collectivités territoriales. Ce guide, conçu par une dizaine de spécialistes de tout horizon, est pensé comme un outil opérationnel à destination des collectivités labellisées, a pour objectif d’initier au concept de design actif tout en donnant des clefs de cadrage dans le développement de dispositifs et de projets de cette nature.

Être à la hauteur de la promesse

Si la promesse des JOP est forte, ces derniers ne pourront résoudre tous les problèmes des territoires. Mais le plus bel héritage ne serait-il pas la dynamique positive engagée, qu’il s’agira d’alimenter ? Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen-sur-Seine lors d’une visite réalisée avec le préfet de la région d’Île-de-France, Marc Guillaume en octobre 2023 s’en faisait d’ailleurs l’écho : « Tous ces projets permettent une chose primordiale pour moi : l’espoir partagé. Un certain nombre de crises institutionnelles, politiques et sociétales ont pour conséquence la perte d’un idéal. La tenue des JO participe à un espoir partagé fort dans nos territoires, au même titre que les problématiques d’embellissement, de sécurité et de logement qui viennent avec ».