Vous en avez déjà croisé plusieurs sur des zones de chantier. De ces messieurs d’un certain âge, contemplant les mains dans le dos le ballet des engins et les compagnons au travail. Des umarells.

L’umarell est né en Italie du côté de Bologne, en 2005. C’est là qu’il a prodigué ses premiers commentaires sur le chantier, c’est là que l’écrivain Danilo Masotti l’a dénommé ainsi, empruntant à la langue bolonaise ce terme qui désignait jusqu’alors « des hommes à qui leur femme demande de quitter la maison dès le matin pour qu’ils ne restent pas à traîner dans leurs jambes ».

L’umarell donneur de conseils pas toujours sollicités, commentateur de la vie du chantier, contemplateur des aléas des travaux, est devenu une star en 2015 lorsque la ville de Riccione s’est dotée d’un budget officiel pour rémunérer ces superviseurs spontanés, les chargeant par exemple de compter les camions entrants et sortants des chantiers de la ville ou de surveiller les matériaux entreposés. La vigilance des umarells a ainsi permis au sable excavé de bien rejoindre la plage de la perle de l’Adriatique plutôt que n’importe quelle autre destination.

La ville voisine de San Lazzaro di Savena a quant à elle décerné le prix de l’umarell de l’année 2015 à Franco Bonini (photo ci-dessus) dont les nombreux conseils ont sans aucun doute permis de faire avancer le chantier de requalification de la via Emilia.

Inauguration de la piazzetta degli umarells, Bologne.

En avril 2018 c’est la consécration pour les umarells avec l’inauguration de la piazzetta degli umarells, à Bologne. Une consécration institutionnelle qui devrait inspirer quelques grands projets français au cœur desquels les agents de proximité (officiels, eux) s’avèrent indispensables lorsqu’il s’agit de maintenir le lien avec les riverains, les commerçants, les automobilistes et les cyclistes, et tous ceux qui font vivre une ville.