Innovation, c’est ce que tous les maîtres d’ouvrage ont en ligne de mire lorsqu’il s’agit de monter une consultation citoyenne. On observe alors que cette démarche est marquée par des formats divers et variés (réunions publiques, ateliers, etc.) mais aussi par une mobilisation 2.0 pour viser une participation la plus large possible. Grâce à la consultation en ligne, en théorie tout un chacun peut participer, sans critère de sélection ou déclinaison d’identité. Toute personne disposant d’une adresse mail est à même de participer sous son nom propre ou via un pseudonyme.

Inclusion, égalité relative des opinions et liberté des participants

Ainsi établi, on constate que si la barrière technique est faible, il ne faut pas minimiser la barrière symbolique ou lexicale : pour que réellement “tout un chacun” puisse participer, il faut que les contenus soient accessibles et les questions posées suffisamment simples pour pouvoir contribuer sans être un expert du sujet. Ainsi, la fonctionnalité de vote représente une facilité de participation considérable. Par exemple, sur les États Généraux de l’Alimentation, 75% des participants se sont uniquement exprimés de cette manière. Enlever le vote présente donc le risque de se priver d’une grande partie du public. Il reste toutefois bien clair que les compteurs de vote traduisent une couleur, une tendance de participation bien qu’il ne s’agisse pas d’un référendum.

Une consultation citoyenne rassemble des personnes sur un sujet qui les concerne. Elle est un espace où l’avis des citoyens est recueilli sur un pied d’égalité avec celui des experts, des sachants, des organisations représentatives. Il ne s’agit pas de créer un espace de discussion propre aux citoyens mais bien de les inclure, au même titre que les acteurs habituellement consultés, dans un exercice de réflexion. En cela, la consultation s’apparente fortement à la mécanique de l’audition. Aussi, chaque participant sur la plateforme dispose d’un compte et d’un vote. Ainsi, ce que le participant va dire compte bien davantage que ce qu’il est. Le contenu prime sur le statut. À la manière d’un vote, tous les avis sont recueillis sur un même pied d’égalité.

Via la navigation sur Internet, les participants seront libres de participer au thème de leur choix et de lire la documentation à disposition. Chacun peut ainsi participer après s’être documenté, après avoir lu les contributions des autres. Il est illusoire de vouloir imposer un parcours de lecture ou de participation à l’internaute, en revanche il est impératif de lui proposer une navigation aisée — ce qui nécessite une clarté des messages et une hiérarchisation des informations.

Quand la démocratie investit la Toile

Le numérique est un support écrit. L’apport majeur du numérique au processus de consultation — au-delà de permettre la participation de chacun depuis son canapé ! — réside dans la capacité à introduire une traçabilité entre ce qui va être dit par les participants et ce qui va devenir une décision.

Loin d’investir dans des outils coûteux (financièrement et humainement), l’e-démocratie se fonde également sur des services en ligne (pour la plupart gratuits). L’émergence du web 2.0 a d’ailleurs favorisé l’éclosion de nombreuses applications sociales qui encouragent et facilitent la participation de l’internaute. Le web 2.0 représente une évolution du web qui se traduit par : – des fonctionnalités centrées sur l’utilisateur ; – une fonctionnalité sociale ; – la simplicité (plus besoin de compétences techniques pour créer et partager du contenu) ; – des outils ; – RSS, un format pour syndiquer les sites web ; – des réseaux sociaux en ligne ; – le tout en ligne (ex : bureautique en ligne).

Certaines collectivités proposent des sites web dédiés pour promouvoir la démocratie participative. La collectivité pourra également mettre en place des outils pour favoriser la participation citoyenne. Elle développera le cas échéant des synergies entre ses services citoyenneté, communication et informatique. À l’heure actuelle, de très nombreux outils sont à la disposition des collectivités pour offrir l’option la mieux adaptée au projet :

– Les sondages et panels : exemple : la ville de Valenciennes dispose sur son site web d’un outil de panel citoyen.

– Les E-pétitions : la ville de Paris a lancé un site pour recueillir des pétitions sur des domaines divers et variés. Exemple d’e-pétition : Interdiction du Wifi dans les jardins publics à proximité des crèches et des écoles.

– Le vote coloré ou de priorisation : la communauté de communes de l’Atrébatie avait mis en place un vote de priorisation pour un projet d’implantation d’éoliennes sur son territoire.

– Les extranets : la ville de Roubaix a mis en place un extranet nommé La Fabrique pour favoriser les échanges avec les citoyens engagés dans un processus de démocratie participative comme dans le cadre des comités de quartier.

Autre solution 2.0, les Wiki ! A l’image de la ville de Liévin dans le Pas-de-Calais qui a lancé un wiki citoyen. Toutefois, les wikis sont plus difficiles à utiliser par un public qui ne serait pas initié au TIC. La plupart d’entre eux nécessitent en effet d’apprendre certaines balises pour mettre en forme un texte. Ou encore les flash votes : en avril 2010, pour le conseil des jeunes, la ville de Bordeaux avait mis en place, dans le cadre du projet cité digitale, un flash vote qui a permis aux jeunes de voter par SMS sur des questions fermées préétablies.

Démocratie participative et site web : l’exemple de la plateforme déployée pour #LaRouteDemain à Nantes

Pour le Département de Loire-Atlantique (gestionnaire d’un réseau routier de plus de 4 300 km de voiries départementales), s’interroger aujourd’hui sur la route de demain, c’est réfléchir ensemble à une évolution de nos modes de vie et à notre modèle de déplacement. C’est dans ce cadre que le Département a choisi de réinterroger les perceptions et usages de la route sur son territoire en initiant une démarche de participation partenariale et citoyenne : « Inventons la route de demain ».

Un temps de réflexion collectif ayant pris place en juin dernier et qui a permis de partager les enjeux et de recueillir l’expertise de tous les usagers de la route du territoire (particuliers, associations, collectivités, entreprises, etc.).

À cet effet, une plateforme de consultation en ligne a été ouverte à tous afin de s’informer, suivre les avancées et contribuer à la démarche. Bien que la phase de consultation soit désormais close, n’importe quel citoyen, qu’il soit de Loire-Atlantique ou non, demeure toujours en mesure de consulter l’ensemble de la documentation et de suivre les grandes lignes du projet, notamment par la publication prochaine du Livre Blanc de la démarche. https://participer.loire-atlantique.fr/route

 

Et les réseaux sociaux ?

Les collectivités pourront ici  tout à fait s’inspirer de l’Islande qui, pour la révision de sa constitution, s’est emparé des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. D’ores et déjà, certaines collectivités françaises lui ont emboîté le pas. En 2011, le Conseil général du Val-d’Oise avait proposé par exemple un Live Tweet pour sa session plénière. Pour rappel, un Live Tweet consiste à diffuser des messages en temps réel sur Twitter, qui s’inscrivent dans le cadre d’un événement auquel on participe. Le Live Tweet s’agrémentera d’un hashtag dédié à l’événement. Humaniser le dialogue virtuel et partager sous la forme d’un marketing viral notamment au travers des réseaux sociaux en ligne s’avère être d’un coût de mise en place minime. Toutefois, utiliser les services en ligne suppose d’apprendre d’une part, à partager et, d’autre part, à prendre le risque de s’exposer au public internaute.

Grâce à la simplicité des outils et des applications disponibles, les citoyens prennent désormais facilement la parole. Le défi d’une consultation en ligne sera donc d’allier la quantité — faire connaître la consultation et rendre vraiment accessible ses contenus — et la qualité — permettre des contributions de fond dans un cadre très souple et permettre leur utilisation dans le cadre du livrable final de la consultation. Aussi, se baser sur des services en ligne existants comporte de nombreux avantages tels que toucher un public plus jeune avec des services en ligne spécifiques comme Facebook ou Twitter , se conformer aux habitudes technologiques – l’importance des réseaux sociaux est devenue un phénomène sociologique, il convient de porter la parole citoyenne via ces plateformes sociales – etc.

Le numérique bouleverse les modes de travail, tant en interne que dans les relations avec les administrés comme nous avons pu le voir. Il permet également de gagner en efficience, en adaptant mieux les services urbains aux préférences des usagers, ou encore en mettant en place des méthodes de concertation plus agiles. En veillant toujours, cependant, à n’exclure aucune population.