La Fabrique de la Cité organisait, le 27 février dernier, un événement dédié aux enjeux de décarbonation des mobilités avec La Fabrique Ecologique, l’Ecole des Ponts ParisTech, le Lab recherche environnement, en partenariat avec Mobilettre, NewsTank Mobilités, L’Hémicycle, et avec le soutien de VINCI Autoroutes. À en juger par la salle comble, le sujet passionne.
Il est difficile de résumer cet évènement au regard de la densité des contenus présentés. Il en résulte, pour le participant, un tableau relativement exhaustif et documenté de ce qui établit les enjeux, mais également les leviers d’une transition des mobilités plus juste.
Nous avons tenté de résumer les approches qui nous ont paru marquantes (attention donc, ce billet ne vise pas l’exhaustivité).
- Mettre en place les conditions d’une transition oui, mais à condition qu’elle soit la plus démocratique possible. Cette idée forte a conclu la présentation de Solange Martin, sociologue à l’ADEME. Pour elle, il est nécessaire d’impliquer les parties prenantes, y compris les citoyens, dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques environnementales à toutes les échelles territoriales. Une injonction qui n’est pas sans freins. En premier lieu, la constitution des politiques environnementales qui privilégie l’intérêt général sur les intérêts individuels. Il s’agit ensuite de bien prendre en compte l’impact différent des politiques selon les acteurs économiques, les territoires et les groupes sociaux. Enfin, reconnaître que les inégalités existantes au sein des groupes sont de nature à affecter leur capacité à faire valoir leur point de vue et leurs intérêts dans la prise de décision. Pour cela, la mise en œuvre d’un processus démocratique est aussi indispensable que complexe à mettre en oeuvre. Il mérite en tout cas beaucoup une attention particulière.
- Prendre en compte les disparités territoriales. Rayane Al-Amir Dache, doctorante au LVMT en a fait la démonstration. En présentant les écarts de réalité existant au sein de la région Île-de-France, son terrain d’étude, Rayane Al-Amir Dache a prouvé l’importance de l’étude fine et de la reconnaissance des disparités territoriales. Si les urbains dévouent par exemple 12% de leur revenu au budget transports, ce chiffre monte à 16% pour les populations résidant hors de la zone d’attraction d’un centre-ville. Des inégalités qui sont multiples et ne se résument pas à la simple question financière : on peut évoquer le temps passé dans les transports, mais également, l’exposition à la pollution. En résumé, les politiques environnementales doivent appréhender une diversité de facteurs qui existent sur un territoire parfois envisagé comme un ensemble unique.
- S’inspirer des bonnes pratiques en les interrogeant à l’aune des spécificités de son territoire. On a beaucoup débattu ces derniers mois de la gratuité des transports. Le réseau de transport en commun de la Métropole de Montpellier, géré par la TaM, est en effet devenu gratuit pour tous les métropolitains le 21 décembre dernier, offrant un écho médiatique à cette mesure rare, mais pas inédite. Franck Dhersin, sénateur du Nord et Vice-Président de la Région Hauts-de-France, a d’ailleurs rappelé lors de son intervention que la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD) avait adopté cette mesure en septembre 2018. 5 ans plus tard, la démarche est un succès, notamment financier grâce à la situation économique spécifique du territoire. Yves Crozet, économiste, membre du Laboratoire Aménagement Economie Transports (LAET-CNRS), a quant à lui mobilisé l’exemple de Strasbourg en valorisant le choix d’une tarification solidaire pour plus d’équité.
- Intégrer la dimension sensible pour embarquer les citoyens. L’intervention de Bertrand Folléa, cofondateur et cogérant de l’agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, a représenté un moment salvateur. Face à l’expression de données quantitatives indiscutables, son appel pour donner une place plus grande à la dimension sensible a fait écho à la manière dont nous abordons au quotidien ces problématiques. L’un des plus grands défis est en effet de parvenir à accrocher l’intérêt des populations sur les sujets de transition. Et pour cela, il est important de comprendre les représentations, modèles et idéaux qui sous-tendent la manière dont nous concevons la mobilité, mais également nos modes de vie, et de démarrer la construction d’un nouveau récit accompagnant rien de moins qu’un nouveau mode de société, et des usages renouvelés.
Des enjeux de taille pour les acteurs de la mobilité ! Et, chez Sennse, nous sommes prêts à prendre notre part !
Nous remercions encore une fois les organisateurs pour ce temps d’apprentissage et d’échange de qualité.